Ce lundi 26 mai, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a rappelé les dispositifs existants de lutte contre l’islam radical, tout en appelant les préfectures à faire preuve de volontarisme. Emmanuel Macron devrait recevoir, dans les prochaines semaines, de « nouvelles propositions » sur l’entrisme islamiste, formulées par le ministre.
Offensive après un rapport sur les Frères musulmans
Cinq jours après la publication d’un rapport sur les Frères musulmans, Bruno Retailleau est passé à l’offensive. En déplacement à la préfecture des Hauts-de-Seine, à Nanterre, le ministre a déclaré vouloir « rendre l’État plus efficace dans sa lutte contre l’islamisme ».
« C’est un combat républicain à mener. Le déni n’est plus possible », a-t-il insisté lors d’une conférence de presse, dénonçant « une menace » contre la Nation.
Extension des CLIR et renforcement des contrôles de terrain
Le ministre souhaite étendre les Cellules de lutte contre l’islamisme radical (CLIR), lancées en 2019 et présentes dans chaque département. Ces cellules réunissent des représentants des différents services de l’État – Éducation, Santé, Intérieur – et ont pour mission de « s’attaquer aux écosystèmes islamistes ».
Concrètement, les CLIR établissent un diagnostic local, centralisent les informations et assurent le suivi des infractions constatées, selon le site du Secrétariat général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation.
Bruno Retailleau propose désormais de renforcer ces cellules dans les départements les plus touchés par l’entrisme islamiste, en ciblant notamment les clubs sportifs ou les associations culturelles.
« La progression de l’islamisme est profonde, elle met en jeu la cohésion de notre Nation, et peu l’ont vue venir », a-t-il regretté.
Des propositions attendues par l’Élysée
Le ministre entend aussi capitaliser sur les conclusions d’un rapport commandé par Emmanuel Macron au printemps 2024, consacré à la stratégie d’entrisme discret des Frères musulmans en France, via l’infiltration de structures associatives ou religieuses.
Mais la réunion de défense organisée mercredi dernier à l’Élysée pour discuter du rapport n’a pas convaincu le chef de l’État. Emmanuel Macron n’aurait guère apprécié que Bruno Retailleau évoque publiquement le contenu du document avant la réunion. Les pistes évoquées lors de la séance n’ont pas non plus été jugées suffisantes. Le président a donc demandé de « nouvelles propositions ».
Un tournant organisationnel
Malgré cela, le ministre a choisi de poursuivre sa propre stratégie. Devant les sénateurs, il a annoncé une « meilleure organisation de l’État » en matière de renseignement.
Ce lundi, il a précisé que deux services du ministère seront mobilisés : la Direction nationale du renseignement territorial (DNRT), dirigée par Bertrand Chamoulaud, qui alertera les préfectures en cas de signes de radicalisation ; et la Direction des libertés publiques, chargée de collecter les preuves et de constituer des dossiers pour la mise en œuvre de mesures d’entrave administrative.
Cela peut inclure la suppression de subventions municipales, la fermeture de lieux, ou encore la mise en examen de personnes incitant à la haine. Pascale Léglise, directrice de cette direction, se verra confier un rôle de « parquet administratif », chargé de fournir une expertise juridique en matière de mesures préventives.